samedi 16 avril 2016

Dédicace aux invisibles des mondes

Dédicace aux invisibles des mondes


Aux nuages qui pleurent. Que l'on ne console pas.
Au tonnerre qui hurle et que l'on n'entend pas.
Aux étoiles qui brillent. Que l'on n'aperçoit pas.
A la voûte céleste qui nous cache ici-bas.

Aux hommes et femmes qui ne s'assument pas.
Aux êtres chers qui sont déjà là-bas.
Aux voix qui flottent. Que l'on n'écoute pas.
A ceux qui passent. Que l'on ne remarque pas.

A ceux qui tendent les bras à des mains-avarices.
A celles qui donnent leur corps : les martyres-supplices.
A ceux qui dorment dehors. Que les froids envahissent.
A celles qui pleurent le soir sur les anciens délices.

A toi, malheureux, invisible à mes yeux.
A toi, merveilleuse, abandonnée des cieux.
A vous, esclaves de tous les regards creux.
A vous, transparents hommes de tous lieux.

Invisibles. Innocents. Volages comme l'air.
Accessibles. Implorants. Les âmes de la terre.
Sur pavés. Sous les ponts. Les obscures lumières.
Dans les larmes. Pleins de peur. Vagabonds et austères.

Vous coulez dans le ruisseau des larmes de vos nuits.
Vous dormez dans la boue de la ville endormie.
Vous offrez, femmes, le peu de votre vie.
Vous mourez, hommes, sans qu'on vous dise merci.

Aux nuages invisibles. Que l'on ne retient pas.
Aux cris imperceptibles. Que l'on ne perçoit pas.
Aux poussières volatiles. Que l'on chasse du bras.
Aux clartés qui s'envolent. Que l'on n'reverra pas.

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